L’influence choletaise dans les guerres de Vendée à Châtillon-sur-Sèvre

« Les Guerres de Vendée à Châtillon-sur-Sèvre »

[…]

Ce que les étrangers contrôlent avant tout, c’est le siège de l’élection. Au fil des années, nous retrouvons d’abord un Thomas Duvignaud comme président de cette élection de Châtillon puis Chauvière de la Pagerie en 1759. Cette famille Chauvière semble originaire de Machecoul (ou de Mortagne). C’est à cette époque qu’un fils du couple Chauvière-Retailleau s’installe au château de Caphar aux Aubiers par alliance avec une fille Sureau, tandis que son frère s’implante à Châtillon. Après Chauvière, c’est le Choletais Poupard qui prend en mains les rênes de l’élection de Châtillon. Il détient cet office jusqu’en 1779, date à laquelle il le met en vente. On trouve ensuite Pierre-Jean-François Tharreau, tout juste majeur lorsque Poupard vend sa charge de président. Il accompagne l’administration de l’élection jusqu’à sa disparition totale.

Outre Thomas, Chauvière, Poupard et Tharreau, le bureau de l’élection comprend d’autres personnages. Henri-Joseph Gouraud, notaire, en est le procureur jusqu’en 1783, date à laquelle il cède sa charge. Dailly, est désigné comme premier élu en l’élection de Châtillon ce qui lui vaut « exemption de taille, tutelle, curatelle, logement de gens de guerre et autres privilèges » indique la petite annonce de cession de son office par sa femme, en novembre 1779. François Soullard de la Roche, est le lieutenant de l’élection jusqu’en 1777, année au cours de laquelle il devient le subdélégué du Poitou, un poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1788. Jean-Baptiste Puybusque dont la famille alliée des Jouault et des Fuzeau, est venue de Toulouse au cours du 17e siècle pour s’installer dans le bocage, est le greffier de l’élection. 

Outre les Choletais, les Morand et Boutillier de Beauregard viennent d’Ardelay, les Maindron sont des Herbiers, les Bienvenu de La Flocellière, etc.

Ainsi, toutes les futures parentèles patriotes, dont beaucoup sont originaires du futur territoire de la Vendée militaire, se connaissent très bien, se côtoient, sont très souvent apparentées et évoluent de concert dans les activités de la santé, du négoce et de l’administration. Les familles qui occupent les plus hautes fonctions avant la Révolution, retrouvent des postes au sein du nouveau pouvoir révolutionnaire. 

Le cas le plus emblématique est celui de Poupard qui devient carrément président du directoire du département des Deux-Sèvres. Tharreau se fait élire au district et en devient le vice-président. Pasquier devient maire de Bressuire en 1794. Il sera assassiné un an plus tard. Gouraud occupe les fonctions de juge au tribunal de Bressuire aux heures les plus sombres de son histoire. Avec son collègue Ferchaud, ex-notaire à Châtillon (lequel décède fin 1793 à Niort), il envoie des dizaines de ressortissants du Bocage devant les bourreaux. 

Ces Choletais et ces Mortagnais ont face à eux quelques rares vieilles familles du cru. Si les Massoteau, Fuzeau et Jouault ont presque disparu de Châtillon quelques années avant la Révolution, Baudry tient encore sur place une partie des pouvoirs en tant que procureur fiscal et ducal. La présence de sa famille est attestée depuis le milieu du 17e siècle. Il représente l’autorité du propriétaire du duché-pairie. Il s’agit des héritiers du duc de Châtillon, deux filles, l’une mariée au duc de Crussol d’Uzès, l’autre à de la Trémoïlle.

Les Cousseau, une famille sous la protection de ces mêmes Crussol d’Uzès et dont un membre religieux est secrétaire particulier de l’évêque Emmanuel de Crussol d’Uzès à La Rochelle, ont la main sur le grenier à sel. Denis du Chiron est le subdélégué du Poitou et Tocqué en est le receveur fiscal. Des Gautronneau, ancienne famille de notaires, il ne reste guère que le gendre Maugrain, le colon de Saint-Domingue Louis et le vicaire de Saint-Jouin, Augustin. 

Toutes les autres familles de notables qui tiennent les postes clés ne sont pas châtillonnaises de souche. Il s’agit notamment des Chessé, Merland, La Guêpière, Coudraye, Goutière, Gusteau, Roulleau, Mazures, Chauvin, Mounier, Maindron, Perreau, Héraudin, etc.

L’explication en définitive est simple. Châtillon, sans son administration, ne pèse pas bien lourd. Elle ne dispose d’aucune industrie capable de rivaliser avec Cholet ou même Bressuire, et seules les richesses des terres entre les mains des La Rochejaquelein d’une part, et celles de l’abbaye de la Trinité de l’autre, attisent les convoitises des Choletais et surtout des Colbert. […]