René-Pierre-François Morand (1744-1813)

Rapport de Morand pour la création d’un jardin botanique à Niort.

Il existe peu d’écrits d’auteurs châtillonnais datés d’avant la Révolution. L’un des rares ouvrages que nous connaissons a été écrit par un docteur en médecin, René-Pierre-François Morand (1744-1813). Cet homme est instruit, lettré et doué d’un talent d’écriture indiscutable.
Né au Temple (à l’ancienne commanderie des Templiers que possèdent ses parents), il est le fils de René-Pierre Morand de la Roussière, avocat au parlement et fermier de la commanderie du Temple, et de Jeanne-Louise Moreau.
Le fils Morand a une soeur mariée à Guitton de Maulévrier, une autre épouse de Chauvière de la Pagerie, ancien président de l’élection de Châtillon.
Lorsque Morand se marie en 1776 à Catherine Robert, il est déjà installé à Niort où il exerce son art. Quinze ans plus tard, il est un des plus ardent défenseurs des réformes de la République qu’il accompagne en tant que secrétaire du directoire du département.
En 1797, alors qu’il est député à Paris, il rédige avec son compatriote Tharreau de Châtillon, un mémoire. Morand y fait la promotion d’un projet de création, pour l’école centrale du département des Deux-Sèvres, d’un jardin botanique au pied du Donjon de Niort.
Le texte publié suite à la séance du 8 septembre 1798 est bien écrit, rythmé, argumenté, savant. Mais aussi imprégné de quelques sentiments républicains.

Ainsi, à propos du donjon utilisé des années durant et devenu finalement un véritable mouroir pendant les guerres de Vendée, Morand indique que « le château de Niort est un poste militaire, dont l’utilité a été plus d’une fois reconnue durant les malheureux troubles de l’Ouest ».
Plus loin, il constate que « c’est à la botanique en particulier que le sol de la République est redevable de la plus grande partie des productions qui l’enrichissent »
Il fonde aussi l’espoir que « l’instruction viendra encore ici désabuser le propriétaire égoïste, et le forcer, par son propre intérêt, à employer une partie de sa fortune à contribuer au bien général de la société. »

Morand montre aussi beaucoup de conviction dans la promotion de la botanique comme support pédagogique.

« Combien il serait à désirer qu’on en inspirât le goût dans toutes les écoles ! goût salutaire qui rapproche de la nature, en rendant la promenade et la campagne plus agréables et plus intéressantes »
Il ajoute : « Voulez-vous instituteurs procurer à vos élèves des récréations instructives ? […] Enseignez-leur la botanique, ou pour mieux dire, faites-vous un amusement de l’étudier avec eux. »

Morand n’est pas un écrivain très prolixe. Outre ce rapport d’une dizaine de pages seulement, on lui doit un autre texte. Il s’agit de la critique d’un livre dont il n’est pas l’auteur mais qu’il promeut devant ses collègues élus du Conseil des anciens. Nous sommes le 7 mars 1799 et le livre s’intitule : « Voyages de Pythagore en Egypte ». Morand écrit :

« Idolâtre des vertus républicaines, l’indépendance, l’égalité , la frugalité , etc. , il en avait conçu une si haute idée que très peu de gens, à ses yeux portaient ces vertus dans leur cœur, et étaient capables d’en faire la règle de leur conduite. Le peuple, tel qu’il le trouva presqu’en tous lieux, rempli de superstition et sans mœurs ne lui semblait pas fait pour être libre. »

A croire qu’il décrit ses voisins. A croire aussi qu’il s’identifie à son héros :

« L’homme éclairé et sage était le républicain de Pythagore, les hommes-peuple, c’est-à-dire corrompus par le contact d’une population plus nombreuse que choisie ne lui paraissaient qu’un troupeau qu’il faut mener doucement, mais, pour ainsi dire, à la baguette. »

Ainsi, 5 ans après les massacres et « les orages inséparables de la plus étonnante des révolutions », Morand assume.