Mazure, le parcours d’un Châtillonnais épris de Lettres et de Voltaire

Signature de Mazure

« M. J.-F. Mazure, né à Paris en 1776, passa les premières années de sa vie dans une ville de Vendée, où son père occupait une charge honorable dans les finances » écrit Adolphe Mazure dans la nécrologie qu’il rédige après la mort de son oncle, inspecteur général d’université et écrivain .
Pour être un peu plus précis, Armand-Louis-Jacques Mazure (1743-1801) est contrôleur des vingtièmes à Châtillon-sur-Sèvre en 1788. Natif de Jarzé en Anjou où il a vu le jour en 1743 dans le foyer d’Armand-Jacques et de Jeanne Guyot de la Rousselière, il est marié à une Suisse de Fribourg, Marie-Anne Thschubhauwer. De leurs enfants, trois filles et deux garçons, nous savons que François- Alexandre a été mis au monde, non pas à Paris comme le croit son neveu, mais à Niort en 1776.
En raison de l’activité professionnelle du père, toute la famille Mazure déménage et réside quelques années à Châtillon. En 1779, leur fille Louise-Marguerite y voit même le jour. Ils y sont encore, nous l’avons vu, en 1789, mais aussi en 1791 date à laquelle Mazure est officier municipal au côté du nouveau maire, le curé-prieur Alphonse Perrinet. Armand-Louis-Jacques Mazure acquiert des terres aux Aubiers. Nous voyons aussi en juillet 1793 dans les pièces relatives à l’approbation de la Constitution de l’an 2 par les Bressuirais, la signature d’Angélique Mazure. Cette personne, que nous pensons être un fils du contrôleur des impôts, se trouve alors à Bressuire. Rien d’étonnant, l’administration révolutionnaire châtillonnaise s’y est réfugiée depuis quelques mois.
La situation ne dure pas longtemps. « Les excès de la révolution, qui, en bouleversant l’Etat, avaient également ruiné et disséminé les existences journalières, amenèrent M. Mazure, dans un âge encore tendre, à Niort, chef-lieu du département » écrit le biographe du fils du contrôleur des vingtièmes. Il poursuit en indiquant que « lorsqu’en 1796, le gouvernement, afin de réparer les ruines de 93, encouragea le réveil des études, et rétablit les écoles publiques, le jeune Mazure se distingua par l’ardeur avec laquelle il courut à ses nobles sources du génie et des arts. »
On trouve les deux fils Mazure, membres de la société L’Athénée, employés de la préfecture de Niort. En l’an 11, François-Alexandre Mazure lance Le Journal des Deux-Sèvres. Cet hebdomadaire républicain est une initiative du préfet Etienne Dupin qui veut faire connaître au plus grand nombre la politique du nouveau régime. Son principal rédacteur en était Marie-Etienne Jacquin, un ami du préfet.
Chef de bureau de la préfecture, François Mazure est chargé de nombreux sujets sensibles tels que les biens nationaux, la question des émigrés, les pensions des ecclésiastiques… Il dirige l’organe de presse jusqu’en 1805. Muté alors à Angers, il devient inspecteur d’académie.
Vers 1811, François-Alexandre-Jacques Mazure entreprend d’écrire une « Vie de Voltaire ». Le livre est édité dix ans plus tard. L’oeuvre de Mazure ne figure pas aujourd’hui au panthéon des biographies les plus remarquables du philosophe dont la famille était originaire de Saint-Loup-sur-Thouet et Airvault.
Mazure a laissé d’autres oeuvres guère plus marquantes notamment une « Histoire de la Révolution de 1688 en Angleterre » en trois tomes éditée en 1825. On lui doit aussi « De la représentation nationale » (1822) et « Leçons choisies à l’usage des écoles primaires de France » (1822).
Où est né Mazure ? Contrairement à ce qu’indiquent tous ses biographes, François-Alexandre-Jacques Mazure n’est pas natif de Paris mais des Deux-Sèvres. Il serait né à Niort si l’on en croit la notice écrite au décès de son oncle par Adolphe Mazure. Mais nous émettons aussi des doutes sur cette origine. Mazure n’est probablement né ni à Paris, ni à Niort mais à Châtillon-sur-Sèvre (Mauléon).
Pour étayer cette hypothèse, dans les registres paroissiaux de Niort, pourtant fort bien tenus, on ne trouve aucune mention des Mazure au cours des années 1770-1780. Et pour cause, la famille de François-Alexandre-Jacques était alors installée à Châtillon-sur-Sèvre où le père de famille était contrôleur des vingtièmes. En 1779 une fille Mazure naît d’ailleurs dans cette localité. Il n’est donc pas déraisonnable d’envisager que trois plus tôt est né aussi à Châtillon François-Alexandre-Jacques.

Son frère Louis-François s’installe à Parthenay où il dirige le collège. Quelques temps après, il part rejoindre son frère à Angers où il décroche un poste de professeur de philosophie. On le voit aussi inspecteur académique à Poitiers. C’est à son fils, Adolphe- Paul-François (né à Poitiers en 1799, poète à ses heures et enseignant) que l’on doit la notice nécrologique de 16 pages sur l’oncle Mazure.

Ainsi, le parcours de la famille Mazure est assez limpide. Venue de Niort, elle s’installe un temps à Châtillon avant la révolution par obligation professionnelle du père puis déserte très vite la place devant le danger et s’en retourne à Niort. De là, les deux fils entament une carrière brillante dans l’enseignement et la littérature. On les croise à Parthenay, à Poitiers, Angers et Paris.
Au sujet de cette famille, il nous reste tout de même un mystère à élucider. Les actes d’état civil relatifs à Louis-François- Armand Mazure indiquent qu’il est marié à Geneviève Morel. Le nom est clairement orthographié dans les actes. Il n’y a pas d’ambiguïté sur le nom Morel. Pour autant, nous pensons qu’il a pu être aussi l’époux d’une Geneviève-Charlotte Orré du Plessis, de la même famille que la femme de Philippe Mounier.
En 1804, une fille naît dans le foyer de Mazure alors qu’il réside à Parthenay où il est directeur de l’école secondaire. Et c’est le Châtillonnais Philippe Mounier qui est le parrain de l’enfant. Marie- Thérèse (1804-1853), une fois grande, entre dans les ordres comme religieuse de Sainte-Croix à Poitiers.

Xavier MAUDET © (2020)

(voir les sources et références dans : « Les guerres de Vendée à Châtillon-sur-Sèvre » pp. 264 et suiv.