1793. La bataille de Châtillon (Mauléon) à l’origine d’une moutarde

Lorsqu’on habite dans le Bocage Bressuirais (Deux-Sèvres), le regard sur la Révolution et les Guerres de Vendée est invariablement orienté vers les victimes locales, majoritairement (mais pas toutes) contre-révolutionnaires. Mais si l’on s’éloigne un peu du théâtre des opérations républicaines de 1793-1794 et que l’on fixe, cette fois, son point de vue depuis des villes de Parthenay ou de Saint-Maixent, la vision des événements n’est plus tout à fait la même. Dans nombre de familles qui vivaient alors dans ces villes, on a compté aussi des victimes. Mais elles étaient majoritairement patriotes, républicaines.
L’histoire de Louis Sergent, tailleur de pierre à Saint-Maixent et de son fils Jean, illustre ce constat. Lorsque la Révolution éclate en 1789, Louis Sergent épouse comme d’autres nombreux Saint-Maixentais, la cause des réformistes. A tel point qu’en juin 1793, à l’heure de la création de nouveaux bataillons destinés à partir mâter la rébellion qui sévit dans le Bocage, il se porte volontaire. Le père de famille entraine avec lui son jeune fils alors âgé de 15 ans seulement. Ils rejoignent la troupe de Westermann. En juillet, lorsque cette armée remonte vers le nord du département, elle se renforce à Parthenay avec d’autres très nombreux volontaires. Quelques jours plus tard, elle intervient militairement dans le Bocage insurgé.

Tailleur de pierre
A Châtillon-sur-Sèvre (Mauléon) ex-capitale administrative patriote, que les contre-révolutionnaires ont conquise le 14 mars 1793, Westermann réussit d’abord à reprendre la cité avant d’en être violemment chassé. De très nombreux soldats bleus sont alors tués, certains massacrés, notamment des volontaires de Gâtine.
Le père et le fils Sergent sauvent leur peau, mais ils sont fait prisonniers par les Vendéens. Après avoir subi de mauvais traitements, ils sont remis en liberté. Louis Sergent meurt le 25 juin 1810 à l’âge de 60 ans. Très affecté par son séjour passé à Châtillon entre les mains des rebelles contre-révolutionnaires, Jean Sergent n’a pas une santé suffisante pour assurer la subsistance de sa famille avec sa seule activité de tailleur de pierre. Avec son épouse, il décide donc de créer une fabrique de moutarde à Saint-Maixent. Elle voit le jour en 1810.

Pot de moutarde Sergent.

Trois ouvriers
Les principales épices employées dans la fabrication de cette moutarde étaient le clou de girofle, la cannelle, la noix de muscade, le poivre doux, le poivre fort. La fabrique se développe et va employer jusqu’à trois ouvriers. Après le décès en 1824 du chef de famille à seulement 46 ans, c’est un fils, Michel Sergent-Deschaumes, qui perpétue à Saint-Maixent la fabrique du précieux condiment dont les graines proviennent des marais poitevins.